Projet de loi no 68 – Loi visant principalement à réduire la charge administrative des médecins
Aperçu de la position
Les médecins spécialistes sont les premiers à vouloir améliorer l’efficacité du réseau de la santé et des services sociaux et offrir aux patients un meilleur accès à leurs soins. Cependant, la lourde charge administrative qui pèse sur leurs épaules constitue un énorme frein dans l’atteinte de ces objectifs. La paperasse que doivent gérer les médecins a pris une ampleur démesurée, affectant non seulement leur bien-être, mais également leur disponibilité pour leurs patients. En effet, ces tâches chronophages grugent du temps précieux, les empêchant ainsi de se concentrer sur leur véritable expertise: soigner.
Les données sont indéniables : en 2023, le rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante révélait que le Québec pourrait anticiper jusqu’à 13,2 millions de consultations supplémentaires par année si le gouvernement éliminait la paperasse inutile des médecins. Au cours de l’exercice 2022-2023, 2408 personnes ont bénéficié de l’aide du Programme d’aide aux médecins du Québec marquant une hausse de 7% par rapport à l’exercice précédent. Parmi les problématiques traitées, 56% étaient d’ordre professionnel, dont 23% liés à la surcharge de travail et 21% à l’épuisement professionnel. Il ne fait aucun doute que le fardeau administratif imposé aux médecins en est un facteur explicatif important.
La Fédération ne peut donc que souscrire à l’objectif du gouvernement qui, par le biais du Projet de loi, vise à limiter les exigences médico-administratives superflues des assureurs, des administrateurs de régime d’avantages sociaux et des employeurs, dans le but plus large de libérer le temps médical actuellement dédié aux tâches administratives et ainsi améliorer l’accès aux soins.
Or, tout en reconnaissant les effets positifs potentiels du Projet de loi sur l’accessibilité aux soins, nous estimons que les efforts pour réduire la charge administrative des médecins spécialistes doivent être beaucoup plus ambitieux.
Nous saisissons donc l'opportunité offerte par le Projet de loi pour soumettre aux parlementaires d’autres initiatives concrètes, directement issues de nos associations sondées. Leur mise en œuvre permettrait de réduire le temps que les médecins spécialistes consacrent aux tâches administratives et ainsi recentrer leur expertise là où elle est le plus nécessaire, c’est-à-dire directement auprès de leurs patients.
Par ailleurs, la Fédération insiste sur la nécessité de veiller à ce que l’objectif véhiculé par le Projet de loi se reflète dans les orientations futures données aux ministères, et bientôt à Santé Québec, afin qu’il se déploie concrètement dans tous les pans du RSSS. En clair, si ce Projet de loi retire aux médecins certaines tâches administratives, mais qu’en parallèle, les ministères continuent d’en introduire de nouvelles qui s’avèrent inutiles, il est utopique d’espérer qu’une véritable réduction du fardeau administratif s’opère.