Remise de prix
La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) est fière d’annoncer les deux gagnants des prix de recherche pour leurs travaux novateurs, Dre Catherine Larochelle et Dr Philippe Bégin.
Ces prix sont remis à des médecins spécialistes s’étant distingués par l’excellence de leurs travaux, et visent ainsi à reconnaître leur contribution exceptionnelle au rayonnement de la recherche médicale du Québec.
Les lauréats seront honorés dans le cadre des 15ièmes Journées de formation interdisciplinaire les 18 et 19 novembre prochains au Palais des congrès de Montréal.
«Les deux médecins que la FMSQ honore par le biais de ces prix de recherche incarnent l’excellence de la recherche qui s’effectue au Québec, en médecine spécialisée et qui rayonne bien au-delà de nos frontières. Les travaux des Drs Larochelle et Bégin mettent en évidence les apports précieux de la collaboration entre divers professionnels de la santé. La FMSQ est fière de reconnaître et soutenir les innovations en matière de santé» – Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ.
«Je suis très fière que cet effort collectif colossal, effectué dans les circonstances exigeantes de la première vague de COVID-19 à Montréal, soit ainsi souligné et reconnu par la FMSQ. Ces travaux démontrent la force des équipes interdisciplinaires et l'impact de la collaboration en recherche translationnelle.» – Dre Catherine Larochelle.
«Ce prix est une reconnaissance de l'effort collectif des 72 équipes de recherche, des infirmières et des médecins qui ont recruté les patients, d'Héma-Québec et de la Société Canadienne du Sang qui ont organisé la collecte, la production et la distribution des plasmas convalescents ainsi que des équipes de laboratoires ayant mis au point les techniques de tests des échantillons et celles des centres de coordination de l'étude à Montréal, Hamilton et Toronto. C’est un honneur de recevoir ce prix qui reconnait leur travail», – Dr Philippe Bégin.
Dr Philippe Bégin
Dr Bégin, allergologue au CHUM et au CHU Sainte-Justine, chercheur régulier au centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeur agrégé à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, a effectué des travaux portant sur l'usage du plasma convalescent en COVID-19. Cette approche, populaire en début de pandémie, consistait à transfuser le plasma (la partie liquide du sang) provenant de patients guéris à des patients hospitalisés pour une COVID-19 sévère, espérant que les anticorps transférés puissent les aider à mieux combattre le virus. Aux États-Unis, l'usage du plasma convalescent, étendu sur la base d'une étude controversée, rapportait une survie accrue chez les patients ayant reçus des plasmas avec hauts taux d'anticorps contre la COVID-19.
La stratégie canadienne a reposé sur la réalisation rapide d’essais cliniques démontrant l’efficacité et l’innocuité des traitements avant leur usage hors recherche. L'étude CONCOR-1 est ainsi devenue la pierre angulaire de la stratégie canadienne pour le plasma convalescent.
L’essai clinique a été mis sur pied en moins de deux mois et complété en moins d'un an. L'étude fut interrompue avant le recrutement des 1200 patients prévus pour cause d’absence de signal d'efficacité du traitement dans les analyses préliminaires. Suivant l’analyse complète à l'été 2021, les résultats ont montré que bien que la qualité des anticorps transfusés fût associée à la survie des patients, ce bénéfice était annulé dans l’ensemble par d’autres effets délétères reliés à la transfusion, suggérant même que certains plasmas auraient le potentiel de nuire aux patients.
Cette découverte a constitué un tournant majeur dans la pandémie. Au Canada, la décision de ne pas permettre l’usage du plasma convalescent en clinique et de strictement limiter son usage aux études CONCOR-1 et REMAP-CAP (étude sœur aux soins intensifs) a en rétrospective fort probablement prévenu de nombreux décès durant la première année de la pandémie.
Dre Catherine Larochelle
Dre Catherine Larochelle, neurologue au CHUM, chercheure régulière au centre de recherche du CHUM et professeure agrégée à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, a effectué des travaux de recherche ayant permis d’identifier, grâce à l’analyse détaillée du sang périphérique par cytométrie en flux, des modifications uniques dans le profil immunitaire de patients hospitalisés pour la COVID-19, comparativement à celui de patients hospitalisés pour d’autres conditions médicales aiguesaiguës, et à celui de donneurs sains.
Ses travaux ont démontré que plusieurs des altérations associées à la COVID-19 comme la neutrophilie et la lymphopénie ne sont pas spécifiques à l’infection par le SARS-CoV-2, mais sont en fait associées aux conditions médicales aiguës sévères, en particulier chez les individus d’âge plus avancé. Ils ont également permis d’identifier des changements du profil immunitaire spécifiques à la COVID-19, et en particulier l’expression de molécules liées au trafic et à l’activation de cellules immunitaires, qu’on a pu de surcroît associer à la sévérité et au pronostic de la COVID-19.
Les résultats des travaux de Dre Catherine Larochelle pourraient permettre d’identifier les individus les plus à risque de développer une forme sévère de la maladie et permettre l’exploration de nouvelles cibles thérapeutiques.